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Les Manuscrits d'Aldo Rado
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19 novembre 2012

[RP] Par delà les songes (2)

 

*** (HRP) Tous les lundi, retrouver la suite du roleplay de Tyranna : Par delà les songes (/HRP) ***

 

C'est toujours la même rengaine. Tous nos malheurs viennent forcément de Bonta. Il n'y a qu'eux d'assez stupides pour ne pas comprendre les idéaux de la noble Brakmar.

Longtemps j'ai cru aux bobards des seigneurs de la cité. Longtemps mon besoin de vengeance m'a voilé le regard. Longtemps j'ai cru faire ce qui était juste.

Et la guerre fait toujours rage. Les deux camps ont oublié la raison même de cette lutte.

Je n'ai plus rien qui me retienne. Pas d'amis pour m'empêcher de ruiner ma vie dans cette guerre sans fin, pas de famille pour me pleurer. Mais une famille hante mes rêves.

Mes parents, mes frères et sœurs... Bien sûr me direz vous, pourquoi ne pas les rejoindre s'ils me manquent tant que ça ?

Ils m'ont quittés depuis si longtemps... Cette saloperie de guerre me les a pris. Tous ce qu'il me reste d'eux : une bague et une épée. Une épée qui se fait chaque jour plus lourde dans ma patte.


- Mynock ! T'as entendu les ordres ? Braille mon supérieur, un grand costaud en armure de plates.

- Oui chef ! J'y vais chef !


On m'a encore chargé d'aller achever les blessés. J'ai horreur de ça. Mais on ne quitte pas Brakmar comme on quitte une fête. Non, Brakmar vous prends tout. Votre âme, votre vie. Si j'ai la chance de vivre vieux, je pourrais peut-être partir.

J'ai moi-même de gros doutes. Mes camarades parlent tout le temps de ce qu'ils vont faire après la guerre. Ce conflit ne se finira pas. Même mon dieu, Ecaflip, ne parierait pas la-dessus.

J'ai bientôt vingt-six ans. Mais mon âme en a mille de plus. La mort de mes proches, ma quête de vengeance sans fin, tout cela pèse sur mes épaules.

Trop de sang versé, trop de haine et qu'est ce que ça m'a apporté ? Rien. Je ne dors plus la nuit, les fantômes des innocents que j'ai tué me hantent sans cesse. Ils gémissent sans cesse à mes oreilles. Pourquoi Mynock ? Pourquoi ? Qu'avons nous fait ?

La pluie battante ruisselle le long de mon manteau. Achever les blessés. Ce boulot me dégoute.

Les Dieux m'ont donné une seconde chance, il y a six ans. Tout le monde à droit à une chance.

Heureusement, je travaille en solitaire. Chaque vie que je sauve allège ma peine. Mais je sais que je finirais en enfer. Trop de sang souille ma fourrure, pourtant d'un blanc virginal. Les traces sont présentes dans mon coeur.

J'entends des cris. Il y a encore des combats. Lassé, je tire mon épée. Si je peux sauver des innocents, autant foncer.

J'arrive à temps pour voir une grande fille tabasser un officier Bontarien. L'épée de ce dernier ne lui est d'aucun secours. J'hésite... Qui est elle ? Si ce type la menace, elle doit appartenir à mon camp... Autant l'aider.

À trop réfléchir, je loupe le meilleur moment. La Sacrieur lui brise la nuque d'un coup de poing.



Astrub, là-bas, je pourrais recommencer ma vie. J'ai à peine fait dix mètres qu'une silhouette encapuchonnée surgit de derrière un arbre. L'armure sombre et les ornements macabres trahissent son allégeance à Brakmar.

Plutôt que de me battre j'essaye de dissimuler mon insigne dans ma chemise. L'Ecaflip a des yeux perçants. Il baisse la tête et soupire.

La hache levée, j'hésite. Il n'a pas l'air agressif.


- Vas-y, j'en ai assez de cette vie, murmure-t-il. Je veux retrouver les miens.

- Tu n'as pas l'intention de te battre ?

- Pas si c'est ce que tu veux.

- Bon et ben salut alors !


Je prends mes jambes à mon cou. Mais le guerrier me poursuit.


- Attends ! Il trébuche et s'affale dans la boue. Cachée derrière un arbre je l'observe, très intriguée par son comportement. S'il te plait, aide moi...


Je sens toute la tristesse et la peine de son âme. Sa détresse m'étreint le coeur. Je reviens prudemment vers cette boule de poils prostrée au sol. Il sanglote et ne se débat même pas quand je lui prend le bras.


- Merci, bredouille-t-il.

- Restons pas là, les miliciens vont pas tarder à revenir.


L'Ecaflip passe un bras autour de mes épaules et nous partons vers un coin plus sûr. Nous trouvons refuge sous un chariot renversé.

Il n'a pas l'air blessé. Du moins, son corps semble intact. Mais je lis dans ses grands yeux bleus une peine plus grande que les montagnes.

Après une dizaine d'essais, je parviens à allumer un feu.


- Alors, qu'est ce que tu fait de beau ici ?

- Je cherche le pardon, répond énigmatiquement mon interlocuteur. Et le repos.

- Sur un champ de bataille ? Un petit sourire réchauffe son visage. La cicatrice sur son œil se tord en un petit croissant de lune.

- Tu ne peut pas comprendre. J'ai mal agi et je veux réparer mes fautes.

- Pourquoi on ferait pas un bout de chemin ensemble ? Je m'appelle Aenorielle.

- Mynock, dernier des Verts-Trèfles.


Je n'ai pas le temps de l'interroger sur son nom, des soldats surgissent de derrière un rideau de pluie comme un bateau jaillissant du brouillard.

La stupeur est de rigueur, mais c'est avec effroi que je reconnais l'armure brillante de Bonta. Mynock est déjà debout, arme à la main.


- Ne bougez plus ! Vous êtes cernés ! Crie l'officier.


La situation risque de dégénérer à tout instant. Mynock m'a l'air bon bretteur mais il ne fera pas le poids face à tous ces soldats. L'officier me remarque seulement. Il pose un regard un peu trop insistant sur ma poitrine. Ce n'est pas mes charmes qui l'attirent, mais plutôt l'insigne.


- Alors comme ça on copine avec l'ennemi ! Vous êtes bons pour les travaux forcés mes petits chéris !


Sous bonne escorte, nous sommes conduits jusqu'à un camp. Les soldats nous jettent sans ménagement dans des cages roulantes. Mynock reste roulé en boule au fond du wagon.

Nos affaires ont été chargées dans un second chariot. Le convoi s'ébranle. Je compte une demi douzaine de carrioles et une dizaine de gardes.


- On peut se les faire ! Viens Mynock !

- À quoi bon s'enfuir, ils nous retrouveront...

- Bouge toi un peu sac à puces ! Tu crois que ta famille serait fière de te voir en taule ?

- Ma famille est morte ! Hurle Mynock. Il me saisit violemment à la gorge. J'ai tout fait pour les sauver tout ! Et je suis arrivé trop tard !


L'Ecaflip me balance au fond du chariot. Il est drôlement costaud.


- J'ai voulu les venger ! Mais depuis tout n'est plus que sang et mort ! Je ne veux plus souffrir !

- Alors qu'est ce que tu attends ? Si tu veux tant le repos pourquoi ne t'es tu pas battu quand ils nous ont arrêtés ? Tu as peur Mynock ! Peur de ta punition !

- Je veux juste les revoir... De grosses larmes perlent à ses yeux. Juste leur dire... que je suis désolé...


En voyant se détresse, j'ai de gros remords. Je m'agenouille à ses cotés et le prend dans mes bras. Mynock pleure un long moment. Sa souffrance ne le quittera jamais. Mais je peux l'aider à alléger un peu sa peine.


- Je connais un chaman, il peut parler aux morts. Si tu veux, je peux t'amener à lui.

- C'est... c'est vrai ? Tu ferais ça ? On ne se connait même pas.

- Ma déesse m'a appris à accepter la douleur. Le moins que je puisse faire est t'aider à soulager un peu la tienne.


Mynock sèche ses yeux et frotte sa tête contre mon ventre. Il ronronne comme un petit chaton. Ça doit être sa manière de dire merci.


- Bon, mon chat, on se sauve de là ?


Mynock renifle une dernière fois et acquiesce d'un air décidé. Nous nous acharnons pendant une heure sur les barreaux de notre cage. Rien à faire, nous sommes bel et bien piégés.




L'Ecaflip recommence à désespérer. Moi je cherche quelque chose de pointu. Mynock est un guerrier, il est fort et vaillant. Moi je suis un peu sorcière. Oh, pas assez pour m'établir comme telle, mais bien assez pour sortir d'ici.

La magie du sang... Encore faut-il que je saigne. Et mon prochain cycle est dans dix jours ! Ah maudits soldats ! Je vais me retrouver au fond d'une mine. Si seulement...


- Mynock ! Tes griffes !

- Oui et ben quoi ? Je suis pas un Mulou !

- Griffe moi ! J'ai besoin de sang pour faire de la magie !


L'Ecaflip refuse dans un premier temps, mais comme je le presse, il consent à sortir une griffe. Je ferme les yeux et m'écorche la paume. La douleur réveille mes instincts. J'ai mal, mais on va pouvoir sortir.

Je concentre ma douleur dans mon poing. Ce petit tour consiste à transférer son mal à une cible. La porte du chariot implose littéralement.


- Vas-y fonce !


Mynock se rue hors du chariot et saisit son épée. Ça fait bien longtemps que je ne me suis pas servi de ma magie. C'est déroutant. Je trébuche au bas du wagon et lève les yeux à temps pour voir Mynock engager le combat.

Je ne m'étais pas trompé sur lui. Il sait se battre, mais il retient ses coups. Plusieurs fois je remarque qu'il aurait pu abattre un homme, mais à chaque fois, il se contente de le désarmer ou de le mettre hors de combat.

Les renforts arrivent et nous nous retrouvons cernés. Ils ne nous auront pas vivants! Pas le temps de ramasser ma hache. J'attrape un gros caillou aux arêtes aiguës et me jette sur le soldat le plus proche.

Sang et souffrance. Voilà mes seuls souvenirs.


J'ignore comment nous avons pu nous échapper. Mynock refuse d'en parler, comme s'il avait commis une terrible chose. J'ai eu l'impression d'émerger d'un long sommeil. Nous sommes au beau milieu des plaines de Cania, j'ai du sang plein le corps et Mynock est blessé. Ce n'est pas beau à voir.

Pendant des jours, nous errons sur les routes, à la recherche d'un peu d'aide. Au crépuscule du premier jour, l'Ecaflip a perdu connaissance. J'ai bien peur qu'il ne passe pas la nuit, mais il s'accroche toujours à la vie.

À bout de forces, je m'effondre devant une petite maisonnette. Un petit bonhomme ailé se précipite pour nous porter secours.

Je ne sais pas combien de temps nous avons marché. Mais maintenant c'est à la vie à la mort entre Mynock et moi.

À l'heure ou j'écris ces lignes, mon nouvel ami prend un repos bien mérité chez le gentil médecin. Pour ma part, je suis en route pour Astrub. Dès qu'il sera en état, Mynock me rejoindra là-bas.


Le soleil brille. Mynock m'adresse un petit signe de la main. Il a retrouvé un peu d'espoir. Sa famille l'attends quelque part dans les étoiles, mais en attendant de pouvoir les rejoindre, il lui faudra le pardon des Dieux.

Me voilà embarquée dans une drôle d'aventure. Mais du moment que Bonta est loin, moi je m'en fiche.

 

Tyranna

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