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Les Manuscrits d'Aldo Rado
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7 janvier 2013

[RP] Par delà les songes (9)

L'escalade est difficile. Pour un fois c'est moi qui suis en tête. Vu que je suis la plus forte et que je connais le chemin. Les trois autres suivent à grand peine.

Je m'arrête un instant sur le bord d'une falaise. Je n'ai pas trop le temps d'écrire. Nous dormons à même le sol, le dos collé à la paroi de pierre et le ventre face au vide.

Je crois que Mynock a le vertige. Il peine à grimper l'abrupte falaise, chaque fois qu'Erby lui crie des encouragements, il n'ose pas baisser les yeux pour voir le Féca.

C'est vrai qu'on est haut. Tout le monde a un peu peur. Plus d'une fois, j'ai bien faillit glisser. Plus d'une fois, une roche a cédé sous la pression de nos corps. Plus d'une fois, j'ai cru devoir ramasser quelqu'un à la cuillère en redescendant.

Mais j'ai déjà vaincu la montagne. Je peux bien recommencer et mes trois copains aussi.


J'essuie mes mains. Elles sont toutes écorchées par les arêtes aiguës de la roche. Mon journal est taché de sang. Mais j'arrive encore à écrire.

Voir mes amis grimper me rappelle la première fois où j'ai croisé le chemin de Tyranna.


C'était pendant une mission pour le compte de Bonta. Mon unité était postée à Astrub pour contrôler les caravanes en partance pour Brakmar.

Le boulot était ennuyeux, j'ai trop souvent abusé de la boisson. Trop souvent fini dans le lit d'un inconnu.


C'est beau l'armée non ?


Mais un soir où j'avais encore picolé, je suis rentrée aux baraquements. Mes camarades de régiment ramenaient souvent des filles.

Et l'un d'eux avait ramené Tyranna. Elle m'a un jour expliqué qu'elle était venue d'elle même ici.

À l'époque, elle ne portait pas encore son masque morbide. Elle n'était encore qu'une apprentie Sramette quand nous nous sommes rencontrés.

Leur société est très hiérarchisée. Le masque que porte ma camarade, pour ceux qui s'y connaissent un peu, montre qu'elle travaille en solitaire. Tyranna n'a plus de maître de qui elle reçoit ses ordres. Ce qui veut dire que celui-ci l'a jugée apte à faire son... travail de Sram, ou qu'elle l'a tué.

Mais à part ça, elle ne porte aucune autre distinction. C'est une Sramette capable, mais pas d'un très haut rang dans leur société.

Il paraît que les seigneurs Srams sont de véritables spectres, capables de s'introduire dans une tour cloitrée, de tuer tous les occupants et de ressortir sans laisser la moindre trace.

Mais ce sont des légendes. Elles font froid dans le dos quand même...


J'en reviens à notre rencontre. Quand je suis rentrée dans la caserne, la plupart de mes camardes étaient ivres morts... ou morts tout court.

J'ai surprise Tyranna en train de faire les poches de quelques hommes. C'est à ce moment là qu'un officier est rentré et l'a surprise aussi.

Il s'est retrouvé avec un joli sourire sous la gorge et la Sramette a détalé après m'avoir fait signe de me taire.


Et je me suis tue.


J'ai retrouvé Tyranna un peu par hasard, dans un bar où elle travaillait comme danseuse de charme. Comment je l'ai reconnue ? Elle ne portait pas de masque à cette époque.

Nous avons pris un verre, parlé de la nuit, pris un autre verre, parlé des meurtres, pris encore un verre et parlé de nos vies. Puis on a pris un autre verre. Et on a fini à poil sur la scène.


Depuis cette soirée, c'est la grande amitié. Lorsque j'ai dû retourner à Bonta, on s'est envoyé plein de lettres. Un jour, Tyranna n'a plus répondu. Ou peut-être est-ce moi qui ait oublié de répondre.

On a arrêté de communiquer. Jusqu'à il y a quelques semaines.


La vie nous réserve parfois de drôles de surprises.


La patte tremblante de Mynock s'accroche près de mes pieds. Je l'aide à monter sur le rebord. Son souffle est court et sa fourrure trempée de sueur.

Le prochain rebord est encore haut. Je décide que nous n'irons pas plus haut. Ma troupe s'affale contre la falaise avec soulagement.

Dès qu'on s'arrête, le vent et le froid nous saisissent. Et impossible de faire du feu. Il y a à peine assez de place pour nous quatre.

De toute façon, les torches sont trop peu nombreuses pour qu'on les gaspille.


- T'as grimpé ça à douze ans ? Souffle Erbasha.

- Ben oui, c'est pas trop haut encore...

- Je vois même plus le sol, gémit Mynock. Il n'y a plus que des nuages...


Nous avons tellement grimpé que notre horizon n'est plus que le ciel et le coton. Le décor est irréel. Peu de gens ont pu voir ce qui s'étale sous nos yeux : une mer blanche et moutonneuse.

Le pic s'élève toujours plus haut, jusqu'à n'être plus qu'une fine épine de pierre gelée. Une histoire de mon peuple dit que celui ou celle qui parviendra à décrocher cette aiguille de givre sera l'égal des Dieux.

Les millénaires ont chargé le sommet de la montagne de magie. Toute les nuits, d'étranges lumières illuminent le ciel.

Ce spectacle n'est normalement visible qu'aux pôles. C'est dire si la magie est présente ici, les Dieux doivent vivre ici. C'est un endroit si... si... hors du commun...

J'entends des murmures... des milliers de voix chuchotent dans une langue que je ne connais pas. Que me veulent-elles ?


- Aeno ? T'es bizarre...


Tyranna paraît soucieuse. L'escalade est très éprouvante. Elle s'inquiète pour moi.


- Je... Non, rien... J'ai cru entendre des voix...


La fatigue sans doute. Nous partageons un pain et de la viande séchée. L'eau est la ressource la plus précieuse ici. Chacun d'entre nous porte quatre ou cinq outres.

Le refuge de mon vieux maître n'est plus très loin.

Le sorcier vit dans une grotte située sous l'aiguille. Les racines de la pointe de pierre plongent au coeur de sa caverne.

Serrés les uns contre les autres, nous attendons le petit matin. J'écris jusqu'au crépuscule, pendant que les autres somnolent.

C'est une véritable épreuve. Beaucoup d'hommes ont entrepris de monter ici, à la recherche de gloire, de trésors ou de réponses. Peu sont revenus, mais les chanceux ont changé à tout jamais, transformés par les épreuves et la proximité des Dieux.


Nous verrons peut être un dragon...


Ma plume glisse toute seule de mes doigts. Mon corps s'endort, pris par la douce étreinte de Morphée, mais mon esprit commence seul un étrange périple.


La montagne et mes amis ont disparu. Je suis seule dans cette mer de nuages. Et les voix chantent une étrange mélopée.

Elles parlent du Destin, de la Vie, de la Mort... J'aimerais me joindre à leur chœur. Donner vie à l'histoire qu'elles racontent.


- Aenorielle... Ne t'aventure pas sur les chemins des âmes...

- J'ai envie de découvrir ce monde... Ma voix résonne dans tout le ciel.

- Il est trop tôt pour toi.


Je me sens tomber, le vent fait voler mes cheveux. Le sol se rapproche. Je traverse les nuages. Et ouvre les yeux.

Mon coeur bat la chamade, je transpire et j'ai encore l'impression de tomber. Il me faut quelques minutes pour me calmer.

L'aube qui pointe ourle de rose et d'orange les nuages. Je suis seule. Seule au milieu des nuages.


- IIIIIKKKKK !!!


Je tombe. Et me réveille encore. Mon cri de terreur a fait bondir mes compagnons. J'ai le souffle court. On dirais que j'ai couru un marathon.


- Ça va pas ? Me demande Mynock.

- J'ai fait un rêve. Tyranna essuie la sueur sur mon visage. La lune éclaire son visage pâle. J'ai... j'ai besoin de dormir...


Erbasha ronfle toujours. Même si la montagne explosait, il pioncerait toujours. Comme guetteur, il est un peu nul. Mais il n'y a que moi pour faire des cauchemars et réveiller tout le monde.

La Sramette se blottit contre moi. Je me roule en boule contre Mynock et celui-ci pousse Erby plus loin pour avoir un peu de place.

L'aube nous tire du sommeil. Nous nous remettons aussitôt en route. Encore trois ou quatres terrasses rocheuses et nous serons à la caverne.


Il nous faut deux jours de plus pour rejoindre enfin notre objectif. Mes nuits ont été troublées par les rêves. Résultat, j'ai encore plus mal dormi que les trois autres.

J'ai peut-être le mal de l'altitude. Encore un truc idiot pour m'empêcher de voler !

J'aimerais pouvoir voler... C'est idiot, mais ma déesse a des ailes, alors pourquoi moi j'en ai pas ? Osamodas a des cornes, ses enfants en ont également, alors pourquoi j'ai pas d'ailes ?

Encore un truc que je devrais demander à Otomaï, si jamais je le rencontre un jour. Une nouvelle chose à noter dans mon pense-bête,à côté de devenir célèbre et de trouver un Dofus, prendre un thé chez Otomaï.


J'ai de drôles de projets. Mais à coeur vaillant, rien d'impossible. C'est pleine d'entrain que je grimpe les derniers mètres entre moi et la terrasse.

J'enroule ma corde autour d'une stalagmite. Les trois autres sont secoués pendant un bon quart d'heure mais je remonte le petit groupe. Notre premier réflexe est de dénouer la corde qui nous serre la taille depuis trois jours. Ensuite, nous nous écroulons au sol.

J'agite mon bandeau en signe de victoire.


- Tu as ramené beaucoup de monde ma disciple, marmonne quelqu'un. Je t'ai pourtant dit que je n'avais besoin que d'une seule apprentie.


Je me relève d'un bond. Le vieux chaman nous attendait. J'ai l'impression qu'il n'a pas changé. C'est un vieillard, mais la sagesse qu'il accumule depuis des années fait de lui un Ancien qui mérite le respect.

Il se tient vouté sur un bâton de cristal. Une longue barbe grise lui recouvre le visage. Je n'ai jamais su à quelle race il appartenait. Communier avec les Dieux gomme peu à peu les origines.


- Pardon mon maître, mais un de mes amis est venu pour te demander une faveur.

- Étrange... Le Destin a tissé une toile singulière autour de toi.


Mynock s'agenouille devant le chaman. Le sorcier lui fait signe de se relever.


- J'ai besoin de vous... ma famille est morte et j'ai fait d'horribles choses... je voudrais leur parler, pour qu'ils comprennent pourquoi...

La voix de l'Ecaflip se serre. Le sorcier pose sur lui un regard sévère et plein de pitié.

- S'il vous plait, j'ai besoin de votre aide.

- Vous avez fait un long chemin pour peu de choses. Un mystique à Amakna aurait fait l'affaire.

- Aenorielle a dit que vous étiez le meilleur, réplique Erby qui n'a pas l'air de vouloir partir sans un tour de magie.


Je rougis quand mon maître me lance un regard en coin.


- Elle a dit ça ? J'en suis flatté ma chère.

- S'il vous plait. Mynock a vraiment besoin de vous... Je ne sais plus quoi faire pour soulager sa peine.


Le vieux sorcier nous fit signe de rentrer dans sa grotte. Une fois à l'abri, je prend mon maître a parti.


- Tu es troublée...

- J'ai fait de drôles de rêves. Et j'entends des voix, mais je ne parviens pas à les comprendre.

- Les Esprits veulent entrer en contact avec toi.


Il me fait signe de m'asseoir. Il s'agenouille devant moi, et prend mon visage entre ses mains.


- Il ne faut pas chercher un sens à leurs paroles, si les forces qui gouvernent ce Monde veulent te parler, tu les comprendras, ne t'inquiètes pas de leur bavardages. De nombreux chamans ont tenté de traduire la langue des Esprits. Ils se sont tous heurté à une barrière d'incompréhension.

- Mais... Et si c'était important ? Et qu'ils souhaitent me prévenir de quelque chose ?

- Alors tu le sauras en temps et en heure.


Je reste assise, troublée par ses paroles et par les idées qui tourbillonnent dans ma tête. Je ne sais plus trop quoi penser. Ni quoi décider. Le futur ne m'a jamais paru aussi incertain.

Je m'adosse à la paroi. Je suis fatiguée. La montée, les voix dans ma tête, les rêves...


Résultat, je m'endors et loupe ce que raconte le sorcier à mes amis, j'ignore ce que Mynock lui a raconté, mais quand Tyranna me réveille, la caverne est en ébullition.

Mon vieux maître fait déplacer des pierres décorées de runes à Mynock et Erbasha. Le sol de la grotte est recouvert de dessins compliqués.

En examinant d'un peu plus près le tracé chaotique, je reconnais quelques glyphes. Ce sont des dessins magiques, destinés à... appeler les morts et les Dieux...


Chouette alors ! Le sorcier va nous faire un tour ! Ça veut dire qu'on va peut-être se quitter Mynock et moi. S'il trouve ce qu'il cherche, l'Ecaflip partira rencontrer son destin.

Mon ventre se tord. Je ne veux pas quitter mes amis et encore moins laisser le matou seul. Qu'est de que je ferais sans lui ?

Je ne suis pas amoureuse de Mynock. Mais c'est plus que mon ami. Je reste assise avec la Sramette qui essaye de comprendre les manœuvres des trois autres.

La nuit est tombée. Les lumières illuminent le ciel enténébré et jettent des ombres sinistres sur nos visages.

Tyranna a remis son masque. Je frissonne à chaque fois que je croise son regard. Elle a l'air d'un fantôme.

Tout est en place. Le sorcier fait brûler des herbes. La fumée me fait tourner la tête. Ma vision se brouille et je chancelle.

Heureusement que je suis assise.


- Aenorielle, j'aurais besoin de toi, marmonne le chaman. Je suis trop vieux pour parler aux Morts, mais toi tu es plus jeune et tu connais les rituels. Voudrais-tu prendre place dans le cercle.


J'acquiesce. Le dessin au sol, je le connais, mon maître me l'a fait tracer de nombreuses fois. Mais je n'ai jamais participé physiquement à ses rituels.

Je ne suis pas très rassurée.


- Erby, quoiqu'il se passe... Note tout dans mon carnet.


Je tends mon journal au Féca et part m'asseoir au centre du dessin.



Elle m'a donné son cahier. Depuis que je voyage avec Aeno, elle n'a jamais quitté son journal. Ça doit être important pour elle.

Je feuillette rapidement les pages déjà recouverte de son écriture. Elle écrit plutôt bien. Mais sa calligraphie est désastreuse, je peine parfois à lire ses mots.

J'espère qu'elle ne se moque pas trop de moi...

Le sorcier m'a fait m'asseoir à un coin du glyphe, Tyranna et lui sont à un autre endroit et Mynock est assis en face d'Aenorielle.

La fumée pique les yeux. J'ai du mal à voir la page. La Sacrieur est toute pâle. Cette expérience doit être toute nouvelle pour elle.

C'est excitant. Je vais voir un tour de magie ! Autre chose que mes petites boules de feu ou mes boucliers d'énergie.

Le vieux sorcier tape le sol avec son bâton. Trois coups, une pause, deux coups, une pause et il recommence.

Lentement, il commence à scander une incantation au rythme de son bâton. Aenorielle oscille sur ses genoux et reprend la formule.


- Esprits de nos Ancêtres, vous qui avez quittés ce Monde ! Entendez mon appel ! Ceux qui vont debout ont besoin de votre sagesse. Esprits de nos Ancêtres, entendez mon appel !


Elle répète son incantation pendant un long moment. Et le sorcier continue de donner le rythme.

Tyranna est tendue. Elle n'arrête pas de se tortiller sur ses fesses. Les Srams ont toujours eu une mauvaise réputation, en plus d'être des voleurs, il paraît que ce sont des espèces de mort-vivants, de nécromanciens.

Ça ne m'étonnerait qu'a moitié. Sinon pourquoi elle porterait ce masque qui me fait froid dans le dos ?

J'ai beaucoup étudié les races du Monde des Douzes. Mais beaucoup de leurs secrets sont bien gardés par leurs Ancêtres.

Au cours de notre voyage, nous avons beaucoup parlé de nos peuples. La bonne entente règne entre eux, mais au fond, nous nous connaissons très mal.

J'ai toujours pris Aeno pour une dépravée. Et je me suis aperçu que c'est une jeune fille assez instruite, malgré ses origines. C'est vrai qu'elle ne ressemble pas aux filles que je côtoie habituellement.

Les Fécattes sont beaucoup moins exubérantes qu'elle et elles savent se tenir... En fait, c'est ça qui fait le charme d'Aenorielle. Elle ne ressemble pas aux autres.


Mynock commence à être nerveux...


C'est moi ou la fumée bouge ??


Des formes ondulent dans le brouillard odorant qui a envahi la caverne. J'entends des voix. La chaleur commence à déserter la grotte.

Tyranna se fait toute petite et se dissimule dans sa cape. Je ne distingue que son masque. Le brouhaha des spectres cesse d'un coup. Du givre se forme autour d'Aenorielle.

La fumée s'anime soudain. Elle se condense en un masque autour d'un visage invisible. Je l'ai déjà vu quelque part. Dans les affaires de ma colocataire... d'ailleurs elle a le même en ce moment...


- Qui ose déranger le repos des Morts ? Siffle Sram. Sa voix est plus lourde qu'un tombeau, plus glacée que le coeur de Rushu...

- Ô Toi qui veilles sur les Défunts, permet aux pauvres Mortels que nous sommes de profiter de la sagesse des Trépassés, répond Aenorielle.

- Myyyyynock ! Susurre Sram. L'Ecaflip tremble au son de sa voix. Je me doutais bien que tu serais ici. Je t'attends depuis longtemps tu sais.


L'apparition se met à rire. Mais son hilarité me glace de terreur. Il doit pas être rigolo ce Dieu là.


- Je... je veux juste les voir... bredouille le guerrier.


Mynock ne fait pas le fier. Il n'est rien face à Sram. Moi non plus d'ailleurs. J'espère qu'il ne me remarquera pas.

- Ils sont nombreux à vouloir te voir dans mon royaume, ricane le Dieu. Tu as envoyé trop d'âmes dans les Limbes pour espérer ma clémence...

- Je ne suis pas encore mort !


Sram éclate de rire.

- Tu n'as pas tort... Ma disciple pourrait t'accorder le repos...


Une main de fumée s'insinue sous la cape de Tyranna. Elle se lève et avance comme un zombie vers Mynock. Une dague étincèle dans la main raidie de notre amie.


- Hé ! Arrête ton numéro c'est pas du jeu !


Tout le monde se tourne vers la voix. Aenorielle a cessé ses incantations. Mais ce n'est pas sa voix.

Sram attire toute la fumée à lui. Tyranna s'effondre comme une poupée de chiffon. Une flamme apparaît dans un claquement sec.

Son ombre. Ce n'est plus l'ombre d'Aeno... On dirait... un chat ?


- Tu n'as rien à faire ici Ecaflip ! Grogne Sram. C'est moi le juge !

- Les Morts ne peuvent intervenir dans le Monde. Tu connais la règle ! Lance Aenorielle/Ecaflip.

- Ton rejeton trouble MON Royaume ! MON Œuvre !

- Son passé et son avenir... Ils sont inextricablement liés à la mort.


L'ombre d'Aenorielle a encore changé. Sa voix est trainante et mécanique.

- Xelor ! Décidément ! Tout le panthéon attend son tour ?


J'assiste ébahi à une rencontre entre les Dieux. Tour à tour, chacun des Douze prend possession du corps de notre amie pour parler.

Je suis trop captivé pour écrire. Ils se disputent. Le sort de Mynock est incertain. J'ai l'impression qu'ils débattent pendant des jours entiers...

C'est Aenorielle qui met fin aux débats. Son corps commence à souffrir de ces possessions. Elle tombe et commence à convulser.


- Remettons ce débat à plus tard, marmonne Sram. Où elle ne vivra plus très longtemps... Mynock... j'accède à ta requête...


Sram s'efface. Aenorielle cesse d'avoir des spasmes. De nouveaux visages se forment dans la fumée. Des visages félins, d'autres pas. À voir les larmes dans les yeux de Mynock, ce doit être sa famille.

Ils ne disent rien. Mais tout semble se passer entre eux.


- Il est temps maintenant, murmure Sram.

- Attendez et Tsohni ?? demande l'Ecaflip.

- Elle n'est pas dans mon Royaume... Au revoir Mynock... Nous nous reverrons, dans le Royaume des Mortels comme dans l'Ombre.

Sram disparaît dans un tourbillon de fumée.

Il se lève pour attraper le brouillard. Mais le vieux chaman lui met un coup de bâton dans le ventre qui l'oblige à se rasseoir.

Aenorielle se relève. Son ombre n'est toujours pas la bonne. Elle a des ailes. Sa voix est pleine de tendresse.


- Je n'est que peu de temps, chuchote Sacrieur. Mynock, je t'offre une chance de te racheter. Va au nord. Vers la cité des Anges... Ma fille t'expliquera tout...

- Mais... Attendez ! Et pour...

Aenorielle s'effondre et toute la fumée s'échappe en suivant l'épine de cristal. Mynock se précipite pour la retenir.


- Ou est Tsohni ?


Il s'effondre au pied de l'aiguille. Ses sanglots résonnent dans la caverne. Je me précipite pour voir Tyranna. La Sramette est inconsciente, mais elle va bien.
Je n'en dirais pas autant d'Aenorielle. Son pouls est faible et elle est brûlante de fièvre. Mynock vient m'aider à porter les deux filles jusqu'à la couchette du chaman.

Nous veillons pendant trois jours. Le vieil homme n'est pas inquiet et passe ses journées à méditer au bord de la falaise.

Tyranna est la première à reprendre conscience. Elle refuse de quitter Aeno et même de manger tant que sa copine ne sera pas réveillée.

Elle reste dans le coma une semaine de plus. Mynock regarde le vide avec des yeux qui me font craindre pour sa vie.


Aenorielle revient soudain à la vie. Elle tousse et réclame un peu d'eau.


- Mynock ? Ou est Mynock ?


Je cours chercher l'Ecaflip et le traîne de force dans la caverne. Il est bouleversé par ce qui est arrivé à la Sacrieur. Elle pose un regard fatigué sur le pauvre guerrier.


- Je suis désolé, dit-il d'une voix plaintive. Tellement désolé... Ma famille... Et tu as dit...

- Mynock... Aenorielle lui relève le visage. Ta sœur... Ta sœur est vivante.

 

Tyranna

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