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Les Manuscrits d'Aldo Rado
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31 décembre 2012

[RP] Par delà les songes (8)

Nous sommes restés deux jours au bord du lac. La quiétude des lieux, la fatigue, je ne sais pas. Mais c'est remplis d'une énergie nouvelle que nous sommes repartis, oh pas pour bien loin.

Mon village est à deux heures de marche.


Ma tribu s'est établie sur le côté sud de la montagne. La vie est rude là-bas. Il y a peu de nourriture et très peu de richesses, à l'exception de quelques mines sous-exploitées.

À force de labeur, mon peuple a pu mettre en friche quelques hectares de céréales et à capturer un petit troupeau de bouftous qui paissent tout près du village.

Ma tribu est ici depuis trois générations. Elle est bien partie pour s'établir définitivement ici, d'autant que personne ne vient nous embêter.


Nous sommes seulement en vue de mon village. Nous avons eu quelques problèmes sur le chemin.

Le sentier passait par une grosse zone couverte d'éboulis. Nous progressions lentement pour ne pas que la montagne nous tombe dessus. C'était assez difficile et bien souvent, il nous a fallut grimper à des pans de roches plus grands qu'un homme.

Tout ce passait a merveille quand Tyranna a vu un truc brillant au fond d'un trou. Les Srams aiment l'or, comme les Enutrofs. Mais si ces derniers accumulent les richesses par le travail, les Srams n'hésitent pas à tuer et voler.

Mais la perspective d'un gros trésor a fait frémir tout le monde. Nous nous sommes donc approchés pour examiner sa découverte.


C'était une grosse pépite d'or. Même dans mes rêves les plus fous, elles n'étaient pas aussi énormes. On se voyait déjà riches.

Encore fallait-il récupérer le caillou brillant.


Tyranna s'est glissée dans le trou et a entrepris de déloger la pépite avec ses dagues, en disant qu'elle s'en ferait fabriquer par un maître artisan dès qu'elle serait riche.

On avait plein d'idées. Mais il a fallut que cette pépite ne soit pas à nous.


Les craqueleurs n'aiment pas qu'on les déranges en pleine sieste. Et on a réveillé un gros golem...

Rancunier le bestiau. Il nous a poursuivis toute la matinée avant de retourner dormir.



On l'a échappé belle je dois dire. Ça apprendra à tout le monde qu'il ne faut pas fourrer ses doigts partout.

Après cette frayeur, nous avons repris la route et nous sommes arrivés chez moi !


Je suis très fière d'avoir amené en un seul morceau tous mes copains. En général, les gens que je guide jusqu'ici abandonnent à l'orée de la forêt.

Oui, avant d'entrer dans la milice de Bonta, j'étais guide, même si je n'avais pas beaucoup voyagé.

C'est lors d'un trajet jusqu'à Bonta qu'un recruteur m'a fait signer.


J'ai fait du chemin depuis ce jour. Hors-la-loi, c'est une drôle de profession pour une jeune fille. Mais bon, en attendant que les miliciens se calment, autant faire profil bas et ne pas se risquer dans les régions sous contrôle des Bontariens.

Ça risque d'être un peu dur... Brakmar perd du terrain depuis quelques années. Mais je ne m'en fait pas pour eux. Un général de talent parviendra bien à mettre une bonne rouste aux forces de Bonta.

Et si c'était moi ?


Mauvaise idée, à moins d'avoir une légion de démons, je ne saurais pas planifier une bataille et encore moins la gagner.

Mais bon, laissons mes rêves de gloire et observons mon village.


Je ne dirais pas que c'est le plus bel endroit du monde, à moins d'aimer les huttes de pierre et l'absence totale de civilisation à une centaine de lieues à la ronde.

Il fait bon vivre ici, du moins quand on est un Sacrieur.


Un mot pour qualifier l'endroit où j'ai grandi ? Rustique... Non, primitif. Les premiers humains vivaient dans de pareils campements.

Mais depuis quelques années, le village s'est agrandi. Il y a trente ans, les miens ont construit une maison commune autour de la carcasse d'un monstre gigantesque venu du fond d'une crevasse. Sa cage thoracique sert de charpente à l'édifice et les murs sont faits de pierres taillées dans une carrière toute proche.

Pendant les rudes mois d'hiver, tout le village trouve refuge là-dedans. Il fait trop froid dans les autres maisons et les longues veillées sont les moments préférés des enfants.

C'est au cours d'une de ces veillées que j'ai décidé de devenir chamane.


Le vieil ermite de la montagne était descendu de son perchoir pour l'hiver. D'habitude, il restait dans son coin et ne se mêlait pas aux festivités.

L'ancêtre était traité avec un grand respect. C'est lui qui nous prévenait quand des tempêtes risquaient de détruire nos récoltes, ou qu'une épidémie allait frapper. Il parlait peu, mangeait peu et ne dormait jamais.

Je me suis longtemps demandé s'il n'était pas déjà mort et que son esprit ne voulait pas quitter son corps.

Mais bref. Une nuit, il s'est levé et à pris place au centre du cercle, là où les conteurs racontaient leurs histoires.

Le silence s'est fait d'un coup. Tout le monde, même les enfants, a appris à écouter les paroles des anciens. Cette nuit là, il nous a raconté d'obscures fables que personne n'a comprises. Puis, il a fait un peu de magie pour impressionner les plus jeunes.


Je me souviens encore des flammes qui ont pris vie sous mes yeux ébahis. Il a raconté d'autres légendes, qu'il mettait en scène avec des ombres et du feu.


J'étais petite, mais j'ai quand même réussi à venir lui parler. Il m'a expliqué son ''travail''. Communiquer avec les Dieux, la nature et la Terre.

Et trois ans plus tard, je suis devenue son apprentie.


Même si je ne suis pas encore capable de prédire l'avenir, ou parler avec les Dieux, j'entends parfois les voix du monde. Lorsque l'orage gronde ou que la neige tombe, des voix murmurent à mes oreilles.

Je ne comprend pas toujours leurs paroles, mais chaque fois, elles sont plus proches, plus distinctes.

Mon vieux maître pouvait parler avec l'esprit des morts. J'espère qu'il pourra aider Mynock.


Une haute palissade de bois ceinture le village. La porte est toujours ouverte. On ne sait jamais. Une personne dans le besoin pourrait débarquer au milieu de la nuit.

Il n'y a pas de portes dans mon village. De toute façon, il n'y a rien à voler ! Dommage pour Tyranna qui aime bien fouiner dans les affaires des gens.


Il n'y a pas grand-monde. Tous les habitants sont partis à la chasse ou dans les champs. On ne chôme pas ici, car l'hiver ne nous fera pas de cadeaux.


Ça fait tellement longtemps que je ne suis pas venue. J'ai l'impression de venir ici pour la première fois de ma vie.


- Bon on rentre ? Ronchonne Mynock. Il pleut et je suis fatigué.

- Oui, je cherche ma maison. La bruine est froide et pénètre les habits.


Malgré l'été, les nuits sont glaciales et les journées à peine mieux. Moi ça ne me dérange pas, mais les trois autres ont la goutte au nez.


- Venez, c'est par là !

- Un bon feu, et une couverture chaude, c'est tout ce que je demande, dit Erbasha.


La petite hutte de mes parents se trouve derrière la maison commune. C'est une baraque toute simple, à l'exact opposé du genre de maison ou Tyranna vit. On dirait plus la chambre de bonne d'Erby. Au moins, il ne sera pas dépaysé.

Un épais rideau de cuir empêche le vent d'entrer. Les fenêtres sont bouchées par le même système.


Sur le seuil, j'hésite. Papa, maman, ça va faire cinq ans qu'on ne s'est pas vus. J'ai peut-être un frère ou une sœur, ils sont peut-être morts depuis.

Déesse, j'ai peur. Je ne sais pas trop de quoi.


Je pousse le rideau et rentre dans la pièce. La salle à vivre est comme dans mes souvenirs. Le feu couve dans un trou entouré de peaux de bêtes, une vieille marmite en fonte, noircie par les années, patiente sagement au dessus des braises.

Les murs sont couverts de trophées et d'armes. Papa est un bon chasseur et maman fait des sculptures. À coté des crânes de loups et d'ours, de jolis totems d'os et de bois nous regardent sans broncher.


- Il fait meilleur ici, soupire Mynock en s'ébrouant.


Il retire son chapeau et lisse ses moustaches.


- C'est coquet chez toi, plus grand que ma piaule à Astrub en fait, dit Erbasha.


Tyranna ne dit rien et s'assied près du feu. La Sramette retire son masque et s'emmitoufle dans une couverture.

Les deux autres l'imitent bien vite. Je jette un coup d'œil à la pièce d'à-côté. Personne. Mes parents doivent être à la chasse.

Pendant que les trois autres se réchauffent, je m'allonge sur le tas de fourrures ou j'avais l'habitude de dormir.

Les larmes me montent aux yeux. J'avais espéré revoir mes parents en rentrant. Comme quand j'étais petite.

Mais ils ne m'ont pas attendu pendant cinq ans. Il faut savoir être logique. Alors pourquoi est-ce que je pleure ?

J'étouffe un gros sanglot quand je retrouve mon premier bandeau. Ce n'est plus qu'un bout de tissu effiloché mais je le reconnaitrait entre milles.

Avec les tatouages, c'est un des signes qui m'identifie comme un Sacrieur. Les origines de ce couvre-chef se perdent dans la nuit des temps. Mais j'en ai toujours un sur ma tête, ou autour de mon cou quand je noue mes cheveux.

Chaque Sacrieur est unique, dans le sens ou nos tatouages et nos bandeaux sont uniques. Le mien est bleu avec un cercle blanc et j'ai quatre tatouages. Un sur chaque bras, un sur les joues et un dernier sur la poitrine.

La teinture rouge a terni avec les années mais son éclat revient à mesure que je retrouve ma liberté.

Je pleure toujours. J'essuie mes larmes et me mouche bruyamment.


- Ça va ? Me demande Erby.

- Oui oui, de vieux souvenirs...


Ma maison est comme je l'ai laissée. Sauf que mes parents ne sont plus là.

Je sens monter d'autres larmes. Je sors de la maison et m'assieds dehors pour pleurer tranquillement.


Il fait froid. Le vent mord cruellement mes bras nus. Je trouve refuge sur le banc de bois devant ma maison. Petite, c'était ma cachette préférée. Je me roulais en boule sous le banc et j'y restais jusqu'à ce que mes parents viennent me consoler.

Aujourd'hui, je suis bien trop grande pour me cacher là. Mais je me recroqueville sur le vieux banc.

J'ai toujours les yeux mouillés. Je cache mon visage avec mon bandeau. Peut-être que si je ferme les yeux...


- Euh... Bonjour... Je reconnaîtrai cette voix entre milles.

- Môman !


Je n'imaginais pas avoir une voix aussi tremblante. Je me jette dans les bras de ma mère. Je suis rentrée, je suis rentrée.

J'ai du mal à contenir mes larmes. Elle aussi d'ailleurs. Ça fait si longtemps. Au fond de moi, je suis restée une petite fille.

Je ne l'ai jamais avoué, ni même admis, mais j'ai toujours eu peur de rentrer chez moi et de trouver la maison vide et froide.

Mais tandis que ma maman me couvre de baisers, j'ai l'impression qu'elle sera toujours la pour moi.


- Ma petite chérie ! Où étais tu encore passée ?

- Tu fais les présentations ? Me demande Tyranna qui a sans doute été attirée par le bruit.


Une heure plus tard, nous sommes tous assis sur les peaux dans la maison de mes parents. Pendant que je m'active dans la marmite, maman taille le bout de gras avec mes compagnons.

Ils parlent de tout et de rien, un peu de leurs vies, de ce qu'ils font, de moi. Surtout de moi, ils font semblant de ne pas me voir.

Mynock, Erbasha et Tyranna ne parlent pas en mal de moi, c'est déjà ça. Mais maman leur raconte ma jeunesse. Et ça me gêne un peu.

Ma maman me ressemble beaucoup. Elle est aussi bien bâtie que moi, mais elle est rousse. C'est de mon papa que je tiens les cheveux noirs et les yeux bleus.

Pendant qu'elle discute, je remarque que le Féca jette des coups d'œil un peu partout. Je me demande ce qu'il cherche. À mon avis, il s'attendait à voir des fouets ou d'autres trucs en cuir noir.

C'est idiot. On a pas assez de sous pour ressembler aux dépravés que nous sommes sensés être.

Si vous voulez des trucs coquins en cuir noir, fouinez un peu dans la penderie de Tyranna. Elle, elle a les moyens de s'acheter des trucs comme ça.

Chez moi, quelqu'un de riche est quelqu'un qui possède une arme en acier, ou une bête de somme.

Nos valeurs ne sont pas les mêmes que celles des ''civilisés''.


Mais Erby n'a pas tout à fait tort. Tous dans nos gestes quotidiens est un rappel de la douleur. Tous les Sacrieurs marchent pieds nus et pas très habillés. Je n'irais pas jusqu'à dire que nous nous mutilons, mais je m'écorche régulièrement les mains sur ma hache, où d'autres choses anodines.

C'est une manière de voir si nous ne sommes pas morts, de savoir qu'il y aura un autre jour.

Ce soir, c'est jour de fête chez moi. Pas d'excès quand même. De toute façon, une lampée de l'alcool local a de quoi tuer un Bwork. Aussi dès le premier verre, Erbasha tombe raide soûl dans un coin.

Je ne parlerais pas de Tyranna qui a tourné de l'œil rien qu'en reniflant l'outre.

Papa est tout content de pouvoir causer à Mynock. Ce sont des guerriers, alors ils se comprennent. Les voilà partis dans une longue discussion sur leurs faits d'armes et leurs exploits.

Et pendant ce temps là... Aeno s'active aux fourneaux. Dommage que je n'ai pas un poussin de Kwak...


Nous prenons notre premier vrai repas depuis deux semaines. Un bon ragoût bien épais à vous coller le cul par terre.

J'ai un peu de mal à réveiller Tyranna et Erbasha, mais un petit tour dans le ruisseau pas loin les dessaoule bien vite.

On est tout de suite mieux le ventre plein.


- Il est mignon ton ami l'Ecaflip, me murmure ma maman. Quand est-ce que j'aurais des petits enfants ?


Je manque de m'étouffer avec mon pain. Mynock avale de travers sa bouchée et se met à tousser comme un mourant.

Nous crachons nos poumons pendant un bon moment. Maman pouffe de rire dans son coin. Je croise le regard de Mynock.

Notre discussion au bord du lac-miroir me revient soudain. D'une certaine façon, je serais la mère de ses rejetons. Je sens que je rougis.

Ils ne doivent pas faire les mêmes erreurs que moi. Les paroles de l'Ecaflip résonnent dans ma tête.

Mais je veux pas élever des gosses ! Et pis d'abord, qu'est ce que ça mange ?


Vous me voyez maman ? Avec des mômes piailleurs ? Vive l'exemple ! Cassez le nez a tous ceux dont la tête ne vous reviens pas, buvez trop à la taverne !

Manquerait plus que j'épouse un Pandawa !


...


À vrai dire, je n'ai jamais trop réfléchi à ce sujet. J'ai encore quelques années devant moi je pense. Et je veux pas me retrouver avec des lolos encore plus gros.

La soirée se passe sans autres allusions. Nous tombons vite, écrasés par la fatigue de longues semaines de voyages et de quelques bonnes bagarres.

Mes parents vont finir la nuit chez des copains et nous laissent la maison pour la soirée.

Ça cache quelque chose je crois. Mais Tyranna est trop épuisée pour faire autre chose que retirer ses affaires sales et se vautrer dans les fourrures.

Je me déshabille et m'allonge à coté de mon amie. Au travers du brouillard qui recouvre mes yeux, je voie qu'Erbasha est très contrarié.


- On dors où Mynock et moi ?

- Ben ici, lui répond-je en marmonnant. Y'a assez de place...

- Mais... euh... t'es sûre ?

- C'est ici où dehors, ronchonne l'Ecaflip qui a mal au crâne, si tu continues à te plaindre, je t'assomme et je te jette dehors.


Le Féca se décide finalement et se trouve un coin ou dormir à une distance fort respectable de moi. Mynock finit de faire sa toilette et se roule en boule sur les fourrures.

Je me demande ce que va s'imaginer Erby. Il est bizarre par fois. Il lui faudrait une copine, ça le décoincerais peut-être un peu.


La nuit se déroule sans incidents. Dommage pour vous.


Ma fine équipe a décidé de rester quelques jours chez moi, le temps de reprendre des forces et de refaire le plein de provisions pour le voyage. Le sorcier n'habite pas très loin du village, mais c'est un vrai parcours du combattant qui nous attends.

Au programme, trois jours d'escalade. Au mieux, parce que quand le temps se gâte, il vaut mieux trouver très vite un abri.

Nous sommes un peu mieux préparés cette fois. Tyranna a troqué quelques babioles contre un arc, au cas où un Kwak reviendrait nous embêter.

Un matin j'ai montré le pic que nous allions escalader. C'est une fine aiguille de pierre, nimbée de brumes et de neige.

Et oui, ça caille là-haut, malgré l'été. On a souvent retrouvés morts gelés des imprudents perdus sur les sommets. La montagne est cruelle et ne pardonne pas l'erreur.

Ça forge le caractère dit mon papa qui est plus bourru qu'un ours.


Nous partons une semaine plus tard. Tout le monde est bien reposé, prêt à attaquer la grimpette.

Au moins, nos sacs sont plutôt légers. À part quelques rations et du matériel, nous avons laissé toutes nos affaires chez mes parents.

Erby a eu du mal à se séparer de ses livres et ses encyclopédies. D'ailleurs il proteste encore. Il ne comprend pas pourquoi moi j'ai gardé mon journal.

Bon, je n'ai plus trop d'encre pour raconter nos histoire, mais avec les heures passées à grimper, je devrais pouvoir écrire avec du sang...


J'aime bien cette idée. Je sais pas trop pourquoi. Je sens que ce qu'il va se passer là-haut sera important pour la suite de notre aventure.

 

Tyranna

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